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Recherches anarchistes
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SCHIFRES, Sébastien. La mouvance autonome en France de 1976 à 1984

SCHIFRES, Sébastien

Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine - sociologie politique, sous la direction d’ANNE STEINER ET GILLES LE BEGUEC. Université Paris X - Nanterre. 2004.


EN GUISE DE PRÉFACE

Ce travail est important à plus d’un titre. Il présente un mouvement mal connu, celui des Autonomes.

Il en révèle le paysage fort complexe, le travail conceptuel et, au-delà des deux ou trois figures de proue, les multiples groupes de la base : collectifs féminins, groupuscules de combat, bandes de banlieue, étudiants motivés. Les uns et les autres militent hors du cadre politique classique, - la gauche et la droite, - et souvent même indépendamment de ces groupes d’ultra-gauche traditionnels, comme le sont souvent les organisations marxistes ou même anarchistes.

Si la mouvance autonome s’est donnée ses structures souples, plus ou moins affinitaires, ses militants, ses organisateurs et ses penseurs, si elle s’est imbibée de jeunes venus de diverses familles culturelles, si elle a inspiré engouement et répugnance au sein des anarchistes de cette époque, elle ne saurait se confondre avec ce mouvement avec lequel elle a coexisté le temps d’une génération.

Car on peut se vouloir révolutionnaire sans, pour autant, adopter des idées libertaires. A quoi sert de récuser toute société hiérarchique si l’on y substitue un avant-gardisme, si l’on se laisse gagner par la violence rampante, si la guerre sociale se militarise ? La bande à Baader ou les partisans de Toni Negri ne sont sûrement pas anarchistes. On comprend donc à la fois une certaine fascination mais aussi les réticences réciproques. C e n’est pas un hasard si l’un des courants les plus proches, l’Organisation Communiste Libertaire (OCL) éprouve le besoin de se distancer.

Tout cela, l’auteur le montre bien, parce qu’il a su éviter le piège dans lequel tombent tant de journalistes et de spécialistes autoproclamés, qui rabâchent depuis des générations leurs poncifs sur "les banlieues difficiles" et "le malaise de la jeunesse"et qui veillent à éviter toute remise en question de l’ordre établi.

Bien au contraire, sans substituer sa parole à celle de ces acteurs collectifs, il présente leurs gestes mais aussi leur pensée. Bref, il leur accorde la dignité d’une culture politique.

De ce fait, et ceci est particulièrement important, il met l’accent sur un phénomène relativement nouveau : la différence d’expérience de la jeunesse d’une décennie à une autre. On ne peut plus désormais traiter seulement ses mouvements dans la grande durée : il faut des analyses plus fines, parce que le monde va maintenant très vite.

Ainsi se révèlent les importantes convulsions de la France, à un moment donné, et en même temps ses contrastes par rapport au reste de l’Europe, notamment avec ses deux voisins particulièrement influents, l’Allemagne et l’Italie.

Je remercie M. Sébastien Schifres d’avoir donné l’autorisation de reproduire ce texte. On peut aussi le consulter sur le site de l’auteur

Ronald Creagh