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Table des matières

Nature humaine et anarchieTable des matières
INTRODUCTION : La pensée de Kropotkine à l’épreuve des mutations de l’anarchisme contemporain 9
1. L’antinaturalisme dans la critique sociale 10
2. Kropotkine à l’aune du « post-anarchisme » 14
3. Fonder l’anarchie : de l’étrange nécessité d’un peu de théorie 19
PREMIÈRE PARTIE : LES BASES SCIENTIFIQUES DE L’ANARCHIE 24
Chapitre I. La conversion du prince Kropotkine : populisme, nihilisme, anarchisme 26
1. Une formation classique perméable aux influences du populisme 27
1.1. Le corps des pages ou l’expérience immédiate du pouvoir.. 27
1.2. Choix de carrière et critique du réformisme 30
1.2.1. L’expédition en Finlande et la révélation des ambiguïtés du savoir théorique spécialisé 32
1.2.2. La réaction populiste, ou la sortie del’« oblomoverie » 34
2. L’anarchisme en action : Kropotkine et le populisme du début des années 1870 37
2.1. La conversion à l’anarchisme 37
2.2. Le cercle Tchaïkovski 41
2.2.1. L’influence globale du socialisme de Lavrov 41
2.2.2. La contribution de Bakounine au populisme des années 1870 43
3. Un texte programmatique :« Devons-nous nous occuper à examiner les idéaux d’une société future ? »...............48
3.1. Le texte et ses idées principales 48
3.1.1. Les tâches de l’intellectuel 48
3.1.2. Les formes de l’action populiste : Kropotkine bakouninien 51
3.1.3. Grandes lignes de l’idéal d’une société future 56
3.2. Le manifeste de 1873 au regard de l’oeuvre à venir de Kropotkine 60
Chapitre II. Une orientation philosophique centrale : le matérialisme et ses problèmes 65
1. Une difficulté fondamentale : Kropotkine scientiste ? 66
1.1. Entre objectivité scientifique et passion révolutionnaire : le diagnostic de Malatesta 66
1.2. À partir de Malatesta : objections et réfutations 69
1.2.1. L’opposition entre le savant et le révolutionnaire 69
1.2.2. L’accusation de systématisme 72
1.2.3. Le matérialisme mécaniste face à l’action volontaire 78
2. Le matérialisme évolutionniste de Kropotkine : origine et portée philosophique 82
2.1. La lecture des matérialistes « vulgaires » des années 1860 82
2.2. Matérialisme mécaniste et « vitalo-matérialisme » ......................................................................................................87
2.3. Matérialisme vulgaire et anarchie : le précédent Bakounine 91
3. Le matérialisme de Kropotkine face au matérialisme historique : la méthode dialectique en débat... 96
3.1. Engels, critique du matérialisme « vulgaire » 96
3.2. Lois de la nature/ lois de la société : continuité ou discontinuité ? 101
3.2.1. La critique kropotkinienne du discontinuisme marxien 103
3.2.2. Le matérialisme évolutionniste de Kropotkine à la lumière de la Dialectique de la nature de Engels. ...111
Chapitre III. La fonction politique de la géographie chez Kropotkine 114
1. La fausse neutralité du travail géographique de Kropotkine 115
1.1. Une activité scientifique sous-estimée en ses apports politiques 115
1.2. Ce que devrait être la géographie : géographie de l’émancipation contre géographie de la domination..........119
1.2.1. La géographie kropotkinienne : une réaction à la géographie impérialiste de H.J ackinder. 121
1.2.2. Vers une géographie sociale 124
2. Un modèle et un partenaire : Élisée Reclus 128
2.1. Singularité de Reclus dans le champ géographique 128
2.2. La géographie comme conception inter-relationnelle des phénomènes 131
2.3. Les lois reclusiennes de l’évolution humaine, ou le rejet du déterminisme 135
3. Kropotkine, Reclus et l’écologie 140
3.1. Des écologistes avant l’heure ? 140
3.1.1. Reclus : l’homme doit être la « conscience de la terre » 141
3.1.2. Kropotkine : l’entraide comme concept écologique 144
3.2. L’usage problématique du« holisme » 149
3.2.1. Le débat Philippe Pelletier/ John Clark sur le « holisme » reclusien 151
3.2.2. Murray Bookchin et les thèmes holistes de l’écologie profonde 154
3.3. Critique des composantes malthusiennes de l’écologie profonde 160
DEUXIEME PARTIE : AUTOUR DE DARWIN 165
Chapitre IV. L’évolutionnisme de Kropotkine 168
1. Le territoire russe et l’élaboration de L’Entraide 168
1. 1. Interprétation de la nature et idéologie 168
1.2. La réception russe de Darwin : un Darwin« sans Malthus » 173
1.3. Un point de départ théorique : le zoologiste Kessler 175
2. Darwinisme social ou socialisme darwinien ? 178
2.1. L’axe directeur de L’Entraide : critique du darwinisme, défense de Darwin 178
2.1.1. L’opposition à Thomas Henry Huxley 178
2.1.2. Une difficulté : le poids du cadre théorique du darwinisme social 182
2.2. Kropotkine lecteur des notions et métaphores darwiniennes 186
2.2.1. La « métaphore » de la lutte pour l’existence 186
2.2.2. Évolution de l’instinct social : 1’ « effet réversif de l’évolution » en question 190
2.3. L’évolutionnisme de l’entraide ou Darwin complété 199
3. Éloge et critique de l’évolutionnisme spencérien 203
3.1. Un évolutionnisme complexe : Spencer parangon du darwinisme social ? 203
3.2. L’héritage spencérien chez Kropotkine 214
3.3. Vérité objective et apparence subjective du système de Spencer : la lecture de Kropotkine ............................220
4. Au-delà de L’Entraide : le « lamarckisme » de Kropotkine dans les articles de Nineteenth Century (1910-1919) 222
4.1. Une vision de la nature comme équilibre : l’héritage darwinien contrebalancé 222
4.2. L’hérédité des caractères acquis et la vision socialiste 226
4.3. L’opposition à Weismann, ou la défense épistémologique des traditions d’entraide 228
5
Chapitre V. Kropotkine, pionnier de la sociobiologie ? 235
1. Darwinisme, sociobiologie, évolutionnisme de l’entraide : trois approches biologiques de la société 238
1.1. La notion de société animale 238
1.2. Sociobiologie et théorie darwinienne 24 7
1.3. Particularité de la sociobiologie : l’approche génétique 250
1.3.1. Le mécanisme de l’adaptation génétique 250
1.3.2. Problèmes méthodologiques 252
2. La nature humaine selon la sociobiologie 258
2.1. La question de l’altruisme 258
2.1.1. La sélection de parentèle 258
2.1.2. L’altruisme réciproque 265
2.1.3. Une axiomatique de l’intérêt naturalisée 271
2.2. Nature humaine close contre nature humaine ouverte 277
2.2.1. La justification de traits hiérarchiques et anti-sociaux dans la sociobiologie 277
2.2.2. La définition fixe de la nature humaine dans la sociobiologie 285
3. Kropotkine et la question des primitifs 289
3.1. La fonction de l’anthropologie pour le naturalisme de Kropotkine 289
3.2. Vers une anthropologie anarchiste 298
3.2.1. L’institution explicite du contre-pouvoir. 298
3.2.2. Contre la vision romantique des primitifs 304
TROISIEME PARTIE. DEVELOPPEMENTS DE LA THEORIE SOCIALE : POLITIQUE,
ECONOMIE, URBANISME 311
Chapitre VI. La nature humaine face à l’État : politique et histoire du point de vue anarchiste 313
1 P • l’E’ ? G’ . Ourquo1 tat. ene’ a 1 og• e d’ une rco rme part1• c ulie’ re d’ orgam1• sat1• on po li t1• que . 314
1.1. Kropotkine dans le sillage de La Boétie : l’énigme du« malencontre » 314
1.2. Essai de description de l’émergence et de la stabilisation de la hiérarchie 318
1.3. L’individu face à l’État : individualisme ou individuation ? 322
1.3.1. L’implication réciproque entre État et individualisme 325
1.3.2. Kropotkine, penseur de l’individuation contre l’individualisme 328
2. Comment faire de l’histoire ? La politique du point de vue populaire 332
2.1. La nécessité d’un changement de point de vue historiographique 332
2.2. La lutte politique pour l’entraide : Augustin Thierry comme point de référence historiographique pour
Kropotkine 334
2.3. La Grande Révolution comme laboratoire : étatisme ou anarchie ? 338
2.3.1. Comprendre le passé à travers le prisme du présent : Kropotkine et les travers de l’histoire militante .. 338
2.3.2. : « Enragés » et paysans : la Grande Révolution du point de vue populaire 342
2.3.3. La Grande Révolution selon Kropotkine, ou la critique par anticipation du jacobinisme léniniste. .......346
3. Autour de la question de l’État : Kropotkine face à la Guerre et aux Révolutions russes 350
3.1. La Révolution russe de 1905 et la Première Guerre Mondiale : ambiguïtés et contradictions de la critique
kropotkinienne de l’État. 350
6
3.1.1. Le journalisme politique de Kropotkine entre 1905 et 1909 : une dénonciation de la politique de la force.
............................................................................................................................................................................................. 0
3.1.2. La Guerre et l’engagement militariste aux côtés de l’Entente 353
3.2. : Le débat Kropotkine/ Lénine après 1917 : deux conceptions de la politique 357
Chapitre VII : L’économie anarchiste, ou la physiologie de la société 363
1. Face à l’économie de la rareté : une critique du malthusianisme 364
1.1. La loi de Malthus, ou la naturalisation de l’injustice sociale 364
1.2. La « conquête du pain » ou l’économie de l’abondance 372
1.2.1. L’abondance, entre croissance et auto-suffisance 372
1.2.2. Un exemple de la pertinence de l’auto-suffisance kropotkinienne : l’économie agraire d’Alexandre
Chayanov (1888-1937) 379
1.3. L’analogie naturaliste : l’économie comme « physiologie de la société » 386
2. Rétribution et organisation du travail 388
2.1. : La mesure de l’activité économique à l’aune de la physiologie de la société 388
2.1.1. : Critique du mutuellisme de Benjamin Tucker 388
2.1.2. Les impasses du salariat collectiviste 394
2.1.3. Dette sociale, expropriation et prise au tas 399
2.2. L’équilibre des tâches face à la division du travail 406
2.2.1. La récusation de l’opposition entre travail manuel et travail intellectuel 407
2.2.2. Pour une combinaison de l’industrie et de l’agriculture 411
3. L’économie de Kropotkine est-elle utopique ? 415
3.1. Le jugement d’utopie 415
3.2. Développements et prolongements de l’économie kropotkinienne 419
3.2.1. Les grandes lignes de l’économie participaliste 421
3.2.2. En quoi l’économie de Kropotkine est-elle régénérée à travers l’ECOPAR ? .424
Chapitre VIII. La ville anarchiste et ses formes de socialisation .428
1. Quels lieux pour l’anarchie ? 430
1.1. L’anarchisme de Kropotkine face à la tentation sécessionniste des Milieux Libres 430
1.2. Au-delà du communisme anarchiste : un défi individualiste pour la pensée de Kropotkine.............................436
1.3. Un enjeu central des courants naturiens : le néo-malthusianisme 439
1.3.1. Un point d’achoppement pour Kropotkine 439
1.3.2. Anarchisme social ou anarchisme par le style de vie ? 445
2. L’écologie urbaine de Kropotkine : une culture de la ville 450
2.1. La ville comme expression de la dialectique nature / culture 450
2.2. Postérité de l’écologie urbaine de Kropotkine 454
3. La justice en contexte : comment punir dans une société anarchiste 461
3.1. Tendance au mal et environnement 461
3.2. La justice restauratrice contre l’organisation de la vindicte 467
3.3. La justice restauratrice face à la question de la pression sociale 475
4. L’école anarchiste : un outil de socialisation 480
7
4.1. Le noyau positif de l’éducation anarchiste : orienter la nature humaine vers l’entraide .480
4.2. Un fondement de la société anarchiste : l’éducation intégrale 484
QUATRIEME PARTIE : LES FINS DE L’ANARCHISME .490
Chapitre IX. Le naturalisme en morale 492
1. L’importance politique de la morale 493
1.1. L’É thique comme prolongement de la politique kropotkinienne 49 3
1.1.1. Opposition à l’amoralisme marxiste-léniniste 495
1.1.2. Opposition à la neutralité libérale en morale 499
1.2. Face aux anarchistes américains : liberté libérale, liberté anarchiste 502
2. Une morale naturelle face aux morales transcendantes et aux morales de l’affirmation immanente des forces....508
2.1. Face aux morales transcendantes : l’autonomie de la morale en question 508
2.1.1. Morale scientifique, morale naturelle 511
2.1.2. Un obstacle à dépasser : l’accusation de « sophisme naturaliste » 515
2.2. Face aux morales de l’affirmation immanente des forces 520
2.3. Peut-on penser un aristocratisme populaire ? 526
3. Les trois degrés de la morale de l’entraide 532
3.1. Premier degré de la morale : l’entraide comme réciprocité 533
3.2. Deuxième degré de la morale : la justice ou le sens moral... 539
3.3. L’héritage de Jean-Marie Guyau : l’idéal de fécondité morale 543
Chapitre X. L’art comme couronnement de la morale anarchiste 551
1. L’art réconcilié avec la vie : les grandes lignes d’une esthétique anarchiste 552
1.1. Art et puissance collective : l’exemple du Moyen-Âge 552
1.2. Conserver le passé pour ouvrir l’avenir de l’art : Kropotkine et Morris 558
2. L’art comme expérience : une anticipation de l’esthétique pragmatiste 564
2.1. Vivre l’art. Une esthétique non muséale 564
2.2. L’expérience esthétique, ou comment développer la vie la plus riche, variée et intense 569
3. Art, morale et société : la littérature selon Kropotkine 57 5
3.1. Idéalisme et réalisme dans la littérature russe : une leçon sur l’esthétique anarchiste 575
3.2. Kropotkine et Tolstoï 583
3.3. L’idéal moral et social dans littérature russe : Tourguéniev ou Dostoïevski ? 589
3.3.1. Tourguéniev ou l’archétype esthétique selon Kropotkine 592
3.3.2. Dostoïevski, un symbole de la décadence de l’art 596
CONCLUSION. Usages contemporains du naturalisme de l’entraide 600
1. Au-delà du clivage entre un anarchisme de la « vieille école » et un anarchisme de la « nouvelle école » ..............600
2. Le naturalisme de l’entraide face au discours sur la guerre économique 603
Bibliographie 607
Index des Noms 618
Index des Notions 626
8
INTRODUCTION : La pensée de Kropotkine à
l’épreuve des mutations de l’anarchisme
contemporain
« C’est seulement à partir du moment où la condition de la nature humaine est
devenue hautement artificielle qu’on a conçu l’idée - ou, selon moi, qu’il a été possible de
concevoir l’idée - que la bonté est naturelle : car ce n’est qu’après une longue pratique d’une
éducation artificielle que les bons sentiments sont devenus si habituels, et ont si bien pris le
dessus sur les mauvais, qu’ils se manifestent spontanément quand les circonstances le
demandent. »
John Stuart Mill, La nature (1874)
« M. Foucault : Si vous voulez, je vais être un peu nietzschéen. En d’autres termes, il me
semble que l’idée de justice est en elle-même une idée qui a été inventée et mise en oeuvre
dans différents types de sociétés comme un instrument d’un certain pouvoir politique et
économique, ou comme une arme contre ce pouvoir. Mais il me semble que de toute façon,
la notion même de justice fonctionne à l’intérieur d’une société de classe comme
revendication faite par la classe opprimée et comme justification du côté des oppresseurs. -
N. Chomsly : Je ne suis pas d’accord. - M. Foucault : Et, dans une société sans classes, je ne
suis pas sûr qu’on ait encore à utiliser cette notion de justice. - N. Chomsly : Là, je ne suis
pas du tout d’accord. Je pense qu’il existe une sorte de base absolue - si vous insistez, je
vais me trouver dans une position difficile, parce que je ne peux pas la développer
clairement - résidant finalement dans les qualités humaines fondamentales, sur lesquelles se
fonde une ’vraie’ notion de justice. »
Michel Foucault, N oam Chomsky, Fons Elders, « De la nature humaine :